La télémédecine s’est très largement démocratisée ces dernières années et constitue une véritable alternative aux visites traditionnelles en cabinet. Ce système de visite à en ligne facilite grandement l’accès aux soins pour des millions de patients pendant que les médecins et autres professionnels de santé y trouvent une opportunité de diversifier leurs activités et de toucher un public national et même européen grâce à la téléconsultation.

Mais pour que cette collaboration fonctionne et reste conforme aux exigences du droit et du code médical, un contrat précis entre chaque praticien et la chaque plateforme de télémédecine est indispensable.

Dans cet article, découvrez les clauses clés qui doivent apparaître dans un tel contrat pour sécuriser les données personnelles, protéger le patient, encadrer l’utilisation des services et éviter tout litige.

Pourquoi un contrat solide est-il indispensable entre les plateformes de télémédecine et les médecins ?

La sécurité juridique pour le médecin et la plateforme

La télémédecine permet aux médecins d’exercer à distance via des applications et des services en ligne. Cependant, cette pratique, encadrée par le droit national, les directives européennes et l’Ordre des Médecins, expose les praticiens à des risques si les obligations légales ne sont pas respectées. Un contrat clair est la solution pour définir les obligations, répartir les responsabilités et garantir la confidentialité médicale.

Sans ce document, un professionnel s’expose à des sanctions liées au non-respect du RGPD (protection des données personnelles) ou à des litiges avec un patient ou la plateforme.

La confiance des patients et des professionnels

Un contrat bien rédigé ne protège pas seulement le praticien, il renforce aussi la confiance du client. En précisant la politique de confidentialité, les modalités de consentement et de traitement des données médicales, il rassure les patients sur le respect de leurs droits et de leur vie privée.

Les plateformes peuvent également s’appuyer sur ce cadre pour démontrer leur conformité aux normes de santé et aux standards européens.

Le cadre légal et déontologique des contrats de télémédecine

Conformité au RGPD et au droit national

Tout contrat doit respecter les règles du droit français, les normes de l’Union Européenne, et particulièrement le RGPD. Ce règlement encadre la collecte, l’utilisation, le stockage et le traitement des informations personnelles.

Le contrat doit préciser qui, de la plateforme ou du médecin, est responsable du traitement des données et quelles garanties techniques (serveurs sécurisés, chiffrement, audits) sont mises en place pour la protection de ces dernières.

Respect du code de déontologie médicale

Dans le cadre de la télémédecine, le médecin demeure soumis à l’ensemble des obligations du code de déontologie médicale, telles que rappelées par l’Ordre des Médecins. Le passage par une plateforme ou l’usage d’une application de téléconsultation ne saurait constituer une dérogation aux règles fondamentales qui encadrent l’acte médical et la relation de confiance avec le patient. Le praticien doit ainsi veiller à toujours garantir des soins de qualité, adaptés à l’état de santé de chaque patient et fournir toutes les informations médicales nécessaires avant toute consultation ou traitement.

Avant chaque téléconsultation, il lui incombe d’expliquer de manière claire au patient la nature de l’acte pratiqué, les modalités d’utilisation des services numériques et les limites liées à la distance ou aux outils de communication via internet. Ce devoir d’information s’accompagne d’une obligation légale, celui de recueillir un consentement éclairé du patient avant toute collecte ou traitement de ses données personnelles.

Le contrat qui lie le professionnel de santé à la plateforme doit donc explicitement mentionner que celle-ci s’engage à respecter ces principes déontologiques. Si la plateforme manquait à ses obligations, par exemple en limitant la liberté du praticien ou en négligeant la confidentialité des données personnelles , elle pourrait engager sa responsabilité solidaire et s’exposer à des sanctions tant sur le plan national qu’au regard des normes européennes.

Clauses liées aux données personnelles et au consentement

Les données médicales traitées dans le cadre des services de télémédecine sont classées parmi les informations à caractère personnel les plus sensibles. Chaque contrat doit donc encadrer avec précision leur gestion et leur traitement en conformité avec le RGPD et la législation nationale. Cela implique d’indiquer clairement à quelles fins ces données seront utilisées : suivi des soins et des traitements médicaux, production de statistiques de santé, ou amélioration des services numériques proposés aux patients.

Le document contractuel doit aussi détailler les durées de conservation de ces informations médicales, les modalités de sécurisation des serveurs (idéalement situés en Europe pour répondre aux exigences du droit européen) ainsi que les procédures de sauvegarde et de protection contre tout accès non autorisé. Il doit rappeler les droits des patients, notamment leur possibilité d’accéder à leurs données, de demander leur rectification ou leur suppression ou de limiter leur traitement

Les médecins et autres professionnels de santé doivent eux aussi pouvoir consulter ces informations afin d’assurer un suivi rigoureux de leurs activités tout en respectant strictement la confidentialité médicale.

Le consentement explicite du patient constitue un pilier essentiel. Avant tout acte médical ou toute utilisation d’une application de téléconsultation, la plateforme doit s’assurer que ce consentement est donné de manière claire et éclairée

Pour garantir la transparence, le contrat doit imposer à la plateforme de fournir une politique de confidentialité lisible, accessible à tout moment depuis l’application ou via internet, et détaillant la façon dont les informations personnelles sont collectées, stockées, partagées et utilisées. En cas de violation de sécurité ou de fuite de données médicales, la plateforme a l’obligation d’informer sans délai les patients concernés, le public si nécessaire et l’autorité nationale compétente en matière de protection des données.

Obligations du médecin dans le cadre du contrat

Même lorsqu’il exerce sur une plateforme de télémédecine, le praticien reste pleinement responsable de ses diagnostics, prescriptions et soins prodigués aux patients. Le contrat doit clairement stipuler que la plateforme ne peut en aucun cas interférer dans ses décisions ni lui imposer des actes contraires au code médical et aux recommandations de l’Ordre des Médecins. Toute influence commerciale ou organisationnelle qui pourrait altérer l’indépendance professionnelle du médecin doit être proscrite.

Le professionnel de santé doit par ailleurs s’engager à respecter ses obligations déontologiques, notamment en délivrant aux patients des informations claires et compréhensibles, en consignant chaque acte médical dans le respect des standards de la confidentialité médicale et en signalant sans délai tout problème technique pouvant compromettre la qualité des services médicaux. Ces éléments protègent à la fois la sécurité des patients et la réputation du médecin.

Certains contrats incluent également des obligations de formation continue. Les médecins doivent ainsi se former régulièrement à l’utilisation des services numériques, aux protocoles de sécurité des données et aux normes européennes applicables. Cette formation contribue à limiter les risques de failles techniques ou de violation de la confidentialité tout en garantissant un niveau élevé de qualité des soins dans le cadre de la téléconsultation.

Sécurisez votre pratique activité médicale grâce à un contrat solide

La télémédecine ouvre de nouvelles perspectives aux médecins et aux patients, mais elle ne peut se développer sereinement qu’avec un cadre juridique clair et sécurisé. En intégrant dans leur contrat toutes les clauses essentielles (de la protection des données, respect du RGPD, définition des obligations professionnelles, politique de confidentialité, gestion des services numériques, modalités de résiliation) les praticiens et les plateformes assurent une collaboration transparente et conforme aux normes nationales et européennes.

Pour tout professionnel de santé, prendre le temps d’analyser et de négocier ces points est la meilleure solution pour protéger ses droits, garantir la confiance des patients et développer une activité médicale durable et respectueuse du code médical.

En anticipant les risques et en s’entourant des bons conseils juridiques, chaque médecin peut exercer la téléconsultation en toute sérénité tout en contribuant à un service médical innovant, sécurisé et adapté aux besoins du public.

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