L’essor de l’IA dans le domaine médicale, révolution pour la chirurgie et nouveaux enjeux juridiques
L’évolution rapide de l’intelligence artificielle est une véritable révolution pour le domaine médical qui voit une utilisation de plus en plus importante de la robotique et de systèmes intelligents en chirurgie. Ces systèmes puissants et performants permettent d’assister les médecins dans la pose d’un diagnostic et d’améliorer la qualité des soins reçus par les patients, tout en réduisant le risque d’erreur humaine.
Bien que l’intelligence artificielle soit une révolution pour le domaine médical et plus particulièrement pour la chirurgie, l’utilisation exponentielle de l’intelligence artificielle soulève une question fondamentale : Qui est responsable en cas d’erreur médicale ? Est-ce que le chirurgien est responsable ? Est-ce que cela relève de la responsabilité du fabricant du robot ou de l’intelligence artificielle ? Ou est-ce la responsabilité de l’établissement de santé ?
Le Code juridique actuel ne répond pas à ces questions de manière claire et explicite. Nous sommes dans une situation juridique qui nécessite une analyse approfondie du cadre légal, mais surtout une évolution de ce dernier pour répondre de manière pertinente à ces questions.
La popularité grandissante de l’intelligence artificielle et des robots dans le domaine médicale nécessite également de mener une réflexion éthique et réglementaire plus poussée. Comment garantir que l’utilisation des robots et des systèmes intelligents bénéficient réellement aux patients sans compromettre leur sécurité ? Il est essentiel pour les professionnels du droit, mais aussi pour les professionnels de la santé d’anticiper ces défis et de faire en sorte que la réglementation en vigueur permette de préserver la qualité des soins tout en assurant une prise en charge juridique adaptée en cas d’incident.

L’intelligence artificielle lors d’opérations chirurgicales, simple assistant ou décideur ?
L’intégration de l’IA dans les domaines médicaux transforme petit à petit la manière dont les professionnels du corps médical, et plus particulièrement les chirurgiens, réalisent leurs interventions. Ces technologies traitent avec rapidité et efficacité les informations grâce à une analyse approfondie des données médicales en temps réel et peuvent réaliser certains gestes chirurgicaux avec plus de précision que les chirurgiens. Même si l’intelligence artificielle et les systèmes de robotiques ont beaucoup évolué au cours des dernières années, il subsiste encore un risque d’erreur.
Dans certains cas de figure, les chirurgiens ont un contrôle sur les robots qui exécutent avec précision les mouvements souhaités par le professionnel, limitant ainsi les risques d’erreurs humaines. Dans d’autres cas de figure, le robot est en partie autonome et peut prendre ses propres décisions en s’appuyant sur des algorithmes d’apprentissage automatique puissants et une analyse en profondeur des données médicales récupérées. Le deuxième mode de fonctionnement complexifie énormément la question de la responsabilité en cas d’erreur lors d’une chirurgie.
Si les technologies continuent d’évoluer au rythme actuel, il se peut que certaines chirurgies soient complètement automatisées d’ici à quelques années. Cela soulève une nouvelle problématique : jusqu’à quel niveau peut-on déléguer les décisions médicales à une machine sans pour autant compromettre la sécurité des patients ? Même si l’apprentissage profond, ou deep learning, l’analyse prédictive et l’intelligence artificielle permettent d’optimiser les performances des robots, ils ne sont pas pour autant infaillibles.
La prise de décision automatisée des robots dans le cadre d’un traitement médical représente un enjeu éthique et légal important pour l’avenir. Il est nécessaire de faire évoluer le cadre juridique pour éviter les abus, mais aussi pour garantir la qualité des soins et la sécurité des patients.
Une zone floue du code juridique
Le droit médical repose sur la responsabilité civile et pénale des professionnels de santé. Dans un cadre classique, le chirurgien est tenu responsable en cas de faute médicale. Cependant, avec l’introduction des systèmes d’intelligence artificielle, cette notion devient plus complexe.
La législation actuelle considère plusieurs niveaux de responsabilité. D’une part, la responsabilité du chirurgien reste engagée, car il demeure l’acteur principal dans la prise de décisions et doit s’assurer du bon fonctionnement du robot. D’autre part, la responsabilité du fabricant entre en jeu si l’erreur provient d’un défaut technique, d’une programmation erronée ou d’une faille logicielle pouvant compromettre la sécurité du patient. Enfin, l’établissement de santé doit garantir la mise en place de protocoles stricts et assurer la formation des professionnels médicaux et des chirurgiens afin de minimiser les risques liés à l’utilisation de ces technologies.
Cependant, l’absence d’un cadre juridique précis pour la chirurgie assistée par intelligence artificielle laisse place à des incertitudes et à une zone floue au niveau juridique. La solution à ce problème serait de mettre à jour le Code juridique en mentionnant clairement les responsabilités de chaque partie et les dispositions spécifiques liées aux interventions médicales assistées par des robots ou par une intelligence artificielle. L’étape supérieure serait d’harmoniser les règles juridiques en lien avec les nouvelles pratiques médicales à l’échelle internationale afin de créer un cadre cohérent à travers le monde.
Qui est responsable en cas d’erreur chirurgicale ?
La responsabilité du chirurgien
Même si les chirurgiens peuvent être amenés à utiliser une intelligence artificielle ou un robot intelligent lors d’une chirurgie, ils restent de nos jours responsables du bon déroulement des opérations chirurgicales. Le rôle des chirurgiens est de superviser l’intervention, d’interpréter les données et les informations fournies, mais surtout de vérifier la fiabilité de ces dernières avant de prendre une décision. La responsabilité civile des chirurgiens peut être engagée en cas d’erreur de diagnostic ou en cas de mauvaise utilisation de l’intelligence artificielle ou des robots médicaux.
Dans le cas où les chirurgiens font appel à l’intelligence artificielle ou à la robotique, il en va de leur responsabilité de vérifier que le robot est correctement paramétré et utilisé dans les conditions recommandées. Même si l’erreur initiale provient de la machine, la responsabilité en cas de mauvaise manipulation pourra lui-être directement imputée. Il est essentiel que les chirurgiens et les autres professionnels du secteur de la santé soient formés à l’utilisation de ces technologies avant toute opération afin de garantir la qualité des soins et la sécurité des patients.
Le fabricant du robot ou de l’intelligence artificielle
Le fabricant de ces technologies est censé prouver la fiabilité de ses machines, notamment, s’il en va de la sécurité et l’intégrité des patients. C’est pourquoi, si une erreur médicale résulte d’une défaillance mécanique du robot ou d’une défaillance de l’intelligence artificielle, sa responsabilité pourra être engagée pour cause de produits défectueux. Les fabricants ont l’obligation de s’assurer qu’aucune faille n’existe dans leurs machines, que ce soit un défaut de conception du système, une erreur de programmation ou un problème de mise à jour car cela peut compromettre la sécurité des patients et la qualité des soins.
Les fabricants de machines et de robots médicaux doivent également assurer rigoureusement la maintenance de tout leur matériel et anticiper les différents risques liés à un dysfonctionnement technique. La mise en place de normes et de processus de contrôle stricts avec des certifications pourrait permettre de renforcer la fiabilité des nouvelles procédures chirurgicales assistées par intelligence artificielle ou par des robots médicaux et donc de limiter le risque pour les patients.
L’établissement de santé
Au-delà de la responsabilité de l’équipe médicale et du fabricant de machines, les cliniques et les hôpitaux peuvent également être poursuivis. Ces établissements de santé sont tenus de vérifier que les machines sont correctement entretenues et que les médecins bénéficient d’une formation adaptée à l’utilisation de ces nouvelles technologies. Des erreurs dans le processus de contrôle de l’équipement peuvent engager leur responsabilité en cas d’erreurs lors d’une opération chirurgicale assistée par intelligence artificielle.
De plus, il est obligatoire pour les établissements de santé d’informer les patients des risques liés à l’utilisation de ces technologies et d’obtenir leur consentement éclairé avant toute intervention. Une plus grande transparence, des dispositifs de contrôle plus fiables et une évolution du cadre juridique permettraient de mieux définir les responsabilités de chaque partie.


Une adaptation nécessaire du Code juridique pour faire face à l’évolution du domaine médicale grâce aux intelligences artificielles
L’arrivée de l’intelligence artificielle et de la robotique en chirurgie a permis d’améliorer la précision et la qualité des soins et des interventions. Cependant, bien que l’utilisation des nouvelles technologies aient de nombreux avantages, ces innovations posent de nombreux défis juridiques quant à la responsabilité en cas d’erreur.
Il est impératif que le cadre du droit médical évolue pour s’adapter à ces nouvelles technologies et garantir la sécurité des patients. Pour limiter les risques liés à l’utilisation de l’IA dans le domaine médical, il est indispensable de combiner une régulation adéquate, une formation à l’utilisation de ces outils pour les professionnels du milieu de la santé ainsi qu’une plus grande vigilance des fabricants.
Pour l’instant, cette zone du droit est encore floue et peu délimitée. Toutefois, une collaboration entre les professionnels et les juristes dans les années à venir va permettre de créer un cadre juridique robuste pour encadrer l’utilisation de ces technologies tout en préservant la sécurité des patients et la qualité des soins fournis.
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